un peu de psycho-géographie

On en avait parlé dans le dernier billet où un guide de voyage nous invitait à des méthodes originales pour faire du tourisme, ce qui ressemble à la “dérive situationniste” des années 60/70. Voici quelques éléments théoriques de définitions qui permettent de comprendre la “psycho-géographie” de l’époque 

le mythe dynamique spatial chez A. MOLES

par exemple dans les années 60, le sociologue A. Moles s’intéressait aux mythes dynamiques « dont le ressort est de briser une loi naturelle classique, en commençant bien sur par les lois de la “physis”, de la Nature, les plus connues, telles qu’elles sont perçues dans l’environnement plus ou moins quotidien de l’homme et de la cité » . D’autre part ces mythes représentent un volonté d’opposition, un « contre » traduit de manière vague, obscure. 

Comme exemples de mythes dynamiques Moles évoquait le mythe d’Icare comme échappatoire aux lois de la pesanteur, vol hors de la terre, le mythe de Babel de la traduction universelle… Enfin l’auteur nous révèle que ces mythes dynamiques dans leur ensemble représentent un volonté d’opposition, un « contre » lié de manière vague, obscure aux faits et objets sociaux dégagés par le sociologue (exemple : grands travaux, conquête de la lune). 

A. Moles a repéré un « mythe dynamique spatial » en particulier, celui du Far West : « le mythe du Far West est lié à un problème de psychologie de l’espace, celui de franchir les frontières, d’aller au-delà, c’est l’idée d’errance, de recherche d’affranchissement de la pression sociale » . Une fois que s’institutionnalise un foyer culturel dans l’Est des Etats-Unis la tendance est de s’en échapper, possibilité qu’offre l’étendue du pays à l’Ouest. Et toujours le mouvement vers l’autre cote est manifeste face à la pression …jusqu’à la clôture de la frontière en 1920 ! Le mythe de l’Ouest est un mythe du « far away » et de l’errance qui rend compte d’une partie de l’histoire des Etats-Unis. A. Moles révèle, par comparaison, que la conquête du continent américain au Nord, bien que manifestant le même souci d’occupation de l’espace, n’est pas motivé par les mêmes éléments (au Canada il s’agit de combattre la nature et non la société). Ce mythe dynamique spatial rappelle le travail d’un Kenneth White et sa géo-poétique de l’espace

lieux d’enfermements

Le mythe de « la frontière », du déplacement ne fait-il pas pendant aux mythes de l’immobilité que symbolisent les lieux « d’enfermement » dont Michel Foucault nous livre un exemple et qui habitent l’imaginaire occidental ? En 1956 un décret fonde l’Hôpital général de Paris destiné à accueillir les pauvres. Bientôt la mesure est étendue à chaque ville du royaume et dans toute l’Europe on trouvera dès lors des lieux d’internement dont le but est en fait d’empêcher la mendicité et l’oisiveté comme sources de tous les désordres. En période de chômage on parque chômeurs et vagabonds en évitant ainsi émeutes et agitation, en période de plein emploi ces hôpitaux sont des lieux où l’on trouve de la main-d’œuvre à bon marché .

Il faut notre qu’à cette époque l’oisiveté est un mal punissable : dans l’ombre de la cité bourgeoise nait cette étrange république du bien qu’on impose de force à tous ceux que l’on soupçonne d’appartenir au mal. Ainsi à coté des pauvres et des gueux voisinent les fous et bien d’autres figures.

notes : 

Abraham A. Moles, « La production des mythes dynamiques dans la construction de l’imaginaire social » , Les cahiers de l’imaginaire n° 5/6, Paris, l’harmattan, 1991. 

Michel Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique » in La folie, reccueil thématique, Univers des Lettres Bordas, 1985, p. 64

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